samedi 30 novembre 2013

de 9 à 8

Chers amis, 

Ce qui fut au début un hasard est ensuite devenu une tradition. 
Je parle de mes neuf publications mensuelles sur ce blog.

Mais je ressens la nécessité de baisser le débit. Je passerai à huit les prochains mois.

Voici donc une note de transition parlant de ce changement de tradition.

Sauf si, cher lecteur fidèle, tu ressens le besoin de publier une création personnelle que tu associerais volontiers à ce blog. Je serai heureux de l’accueillir si je pense qu'il s'épanouirait à cette adresse.

En espérant que vous êtes heureux de vous promener de temps en temps dans mon jardin.

Porte cierge

mardi 26 novembre 2013

La violence révélée - Gil Bailie - 1ère partie

Par l'intermédiaire de René Girard, Gil Bailie diagnostique la crise culturelle dans laquelle se trouve l'occident moderne. La Bible comme ce qui porte le Salut et le danger d'une humanité sans défense face à la violence.
Je commence par les premiers chapitres qui tentent de l'expliquer. Il y aura deux prochaines notes sur la suite de ce livre très riche et, pour ma part, très éclairant.
Il y a une seconde et troisième partie



Partons de Girard
Girard explique que la décomposition et le recomposition des cultures se fait par la violence. La violence glorifiée remplace la violence incontrôlée des communautés humaines, c'est une des conséquences de la théorie mimétique et du bouc émissaire. Or la croix du Christ dénonce la violence glorifiée. Les phénomènes liées à celle-ci demeurent mais sont de moins en moins efficaces. Ce livre est très ambitieux, il veut nous aider à déchiffrer cette crise du retour paradoxal de l'homme dans la violence incontrôlée.

La crise culturelle
Nous sommes les enfants des "lumières", nous avons quitté les superstitions, nous avons construit un monde économique et sociale que nous pensons solide.  Nous croyons que l'histoire est un chemin de libération de la violence mythique, sans voir que cette libération est un danger pour nous. Ce cheminement est celui de l'apocalypse. Autrement dit, c'est le défi chrétien : se convertir pour se passer de la violence sacrificielle tout en ne tombant pas dans la violence incontrôlée. 
La compassion exponentielle de notre monde (alors que le mythe nous voilait la victime) nous créé, paradoxalement des problèmes insolubles. Comment marier en occident compassion et ambition géopolitique, par exemple. Le statut de victime est ainsi devenu désirable.  
Nos programmes sociaux sont des chasses sans fin aux victimes, les guerres culturelles sont faites pour déterminer qui furent les plus grandes victimes. Tout est passé au crible de la compassion chrétienne. Pourquoi et comment en sommes nous venus là? 
La Bible, en premier a donné la parole à la victime.

Il faut apprendre avec Girard que le mythe est le récit d'une société en paix qui se justifie du meurtre sacrificiel. L'attention à la victime que nous a légué le Christ a tout transformé. Mais cette révélation se fait très progressivement. Avant tout changeait pour que rien ne change (paganisme.)

Les apôtres voyait déjà les effets de la révélation chrétienne. Le passage de Philippe avec l'eunuque éthiopien en est la preuve. Le travail de Philippe est celle du livre de Bailie et de toute apologie moderne. Utiliser les texte bibliques pour montrer le mensonge de la violence culturelle. 
Gil Bailie en profite pour analyser la différence gauche-droite à la lumière de la crise culturelle définie. La gauche défend les victimes des systèmes structurelles et excuse leur propre violence, la droite défend les victimes des violences criminelles et excuse la violence de la répression contre la criminalité. Cette séparation est le signe de l'indifférenciation entre violence légitime et illégitime. La crucifixion a enlevé la distinction entre la "bonne" et la "mauvaise" violence. Comment éviter alors l'autodestruction  de nos sociétés si ce n'est par notre volonté et le juste diagnostic ?

Nous sommes dans une situation paradoxale, nous ne sommes pas encore chrétien et nous ne pouvons plus organiser les rites violents. Nous profitons de moins en moins des institutions qui étaient les garantes de la violence sacrificielle et qui contenait la violence anarchique. Cette remise en cause attaque aussi notre système juridique si proche d'un système sacrificiel car la culpabilité de l'accusé et les mesures pour préserver la société sont deux problèmes indépendants.

Le pays des miroirs
Pour mieux comprendre ce paradoxe, l'auteur insiste sur la violence et son pouvoir de fascination, comme le dit Girard, la violence est la forme achevée du mimétisme (direction naturelle du désir basée sur la non autonomie du désir qui nous porte vers l'autre comme un modèle obstacle). Il faut le comprendre. Pour cela, il faut par exemple regarder comment la modernité autant que la mort des dieux nous conduit vers des étoiles éphémères créé par la fascination collective.
L'abandon des cultures traditionnelles provoquent un trou d'air et l'augmentation des mélodrames sociaux qui produisent les tensions. Bailie nous présente le magnifique exemple de Tezcatlipoca, de la remise en cause de la tradition à la création d'une nouvelle divinité. La tradition était ce qui avait pu rendre possible la conversion du désir mimétique en unanimité sociale. Sa remise en cause conduisait vers un nouvel ordre sacré et mythique. Notre monde ne nous le permet plus, nous sommes envahis de passions mimétiques, nous sommes envieux sans limites, il ne nous reste plus qu'à entrer en concurrence et à être ambitieux. Nous sommes désarmés.


Malgré tout, ce qui peut être positif dans le comportement mimétique peut se retrouver dans les situations qui excluent la rivalité ou la codifie. C’est la culture qui nous protège. Or aujourd'hui, on développe les subversions des structures sociales pour en exploiter un potentiel économique. Nous exploitons le désir au lieu d'en dénoncer sa part de danger.

Récapitulons un peu...
La Bible est à l'origine de la crise moderne. L'histoire peut être vue comme un Post scriptum de cette révélation. La perspective de la fin violente de l'humanité réapparaît  il nous faut retourner à l'origine des mythes. Il nous faut voir le sacré comme organe de protection auquel nous ne devons pas être condescendant. N'oublions pas comment la croix est le pivot de la révolution anthropologique auquel nous faisons face. Nous devons tous refaire le voyage d'Israel que nous verrons à la prochaine note.
Il est temps aussi de réfléchir à nos désirs. Girard : Le désir c’est ce qui arrive au rapport humain quand il n’y a plus de résolution victimaire, et donc plus de polarisations vraiment unanimes, susceptibles de déclencher cette résolution. Ce désir détruit les relations humaines et déstabilise psychologiquement. Réfléchir aux désirs, c’est le risque d’entrainer le grippage de la marchandise social et économique. Mais c’est urgent, comme le disait St Augustin, ce n’est que lorsque nous réfléchirons à nos désirs que nous commencerons à réfléchir.


Bonus :
Résumons, le réactionnaire est celui qui ne voit pas que les formes officielles de la violence ne marchent plus, le révolutionnaire est celui qui ne voit pas que l’indignation morale en revient au même des comportements qui ont provoqués l’indignation. Le romantique pense qu’il faut plus de subversions et que le monde ira mieux. Méfions nous des trois...


Lectures au fil des chapitres plus bas...

mardi 19 novembre 2013

Le sabbat par Fabrice Hadjadj

Retranscription d'une conférence passionnante de Hadjadj. Le thème est la sabbat. Il montre en quoi le sujet est la technique et la terre. En utilisant trois références bibliques, il montre en quoi cette notion du Sabbat contient une sagesse divine sur les hommes, leur activité, et la connaissance de Dieu.
Il en profite pour dessiner notre monde moderne prise dans les filets de l'exploitation par le travail, par la folie de la maîtrise de la maîtrise.



A partir de la genèse où l'on voit que le jour le plus important, c'est le jour du désistement, la finalité n'est pas le travail mais le septième jour, c'est le jour où nous imitons Dieu, où nous sommes réceptifs à lui, où nous voyons que nous ne sommes pas créateurs de l'univers. Apprentissage de la réceptivité. Le but du jeu est de sortir de la logique de la maîtrise.



Au coeur de l'exode, Hadjadj souligne le lien entre le respect du Sabbat et le respect du aux parents. La vie est reçue de Dieu et de nos pères, c'est dans cette commune attention que se retrouve le gout pour la vie. 

Le temps pour Dieu et le temps pour la famille est le temps intérieur qui nous évite de sombrer dans le monde extérieur et l'activisme
La genèse cadre l'exercice du Sabbat et son état d'esprit. Tous les 7 jours, tous les 7ans, l'année après tous les 7 fois 7 ans (jubilé). Sans oublier l'abandon de la bordure des champs. Tout cela n'est pas un travail en vue d'une productivité mais un désistement. C'est une invitation à la miséricorde en souvenir de la terre qui vient de la miséricorde de Dieu. Le jubilé est aussi une possibilité de la remise à zéro des compteurs. Une fois par génération. Le sabbat est une invitation à ne pas aller sur une terre en conquérant. Le sabbat source de la bénédiction car barrière de toute possession et exploitation.


Bref, la terre est un don, elle n'est pas une demeure définitive que je me dois de m'approprier. La terre et les hommes ont besoin d'un sabbat. Notre rapport à la terre  doit être apocalyptique. C'est ce qui permet un rapport juste face à la terre. Il faut penser les risques et la possibilité de jugement. Il faut travailler la terre comme un don à contempler avant tout. Dans les textes apocalyptiques, il y a toujours une intrication entre la technique et la nature, ils ne sont pas séparables. la technique peut nous échapper si nous n'avons pas fait le désistement.

L'objectif n'est pas dans la meilleure gestion de l'exploitation de la terre et faire de la terre le lieu du repos dans la communion. Loin de tout malthusianisme, éloignons nous de ce grand système d'exploitation par le travail que nous avons créé où le travail, la terre, la famille perd tout son sens. Retrouvons le sens miséricordieux du Sabbat. Dessaisissement, justice et charité. 



En bas, lecture au fil de l'article :


mercredi 13 novembre 2013

the mimetic view of apocalypse René Girard

Ici même une vidéo récente de René Girard, elle est relativement classique mais c'est une bonne récapitulation de sa théorie mimétique, du bouc émissaire. Son objectif est de montrer comment ses thèses permettent de parler avec force des textes apocalyptiques des Evangiles. 

Il réappuie sur l'importance de la religion pour l'histoire humaine, il réexplique le christianisme comme religion de la victime et comme invitation à une science de l'homme définitive. il invite enfin à la prise au sérieux de l'incarnation. 

Il montre de nouveau l'impossibilité de recourir de nouveau au bouc émissaire pour lutter contre la violence du bouc émissaire, nous sommes face à une crise culturelle sans fin et c'est ce que montre les textes apocalyptiques.
Girard s'appuie surtout sur les textes apocalyptiques des Evangiles.
La première lettre de saint Paul au thessaloniciens montre la déception de cette communauté après la mort de certains disciples, eux qui étaient persuadés qu'ils ne connaîtraient pas la mort et vivraient de leur vivant le retour du Christ. Dans la seconde lettre aux Thessaloniciens, Saint Paul nous prévient d'un état d'anomie avant la venue du Christ. Anomie étant le mot aussi utilisé par Durkheim pour parler de notre époque.
Il faut aussi relire Matthieu 24 et Marc 13 qui parlent aussi de temps longs, les descriptions lues dans ces chapitres semblent parler de notre temps nous dit Girard.




samedi 9 novembre 2013

La religion pour la démocratie - Marc Lambret

Apologie Chrétienne moderne, le père Marc Lambret, dont j'ai déjà quelquefois parlé sur ce blog, tente de renouer le dialogue avec la modernité. Pourquoi ce qu'il nous reste de mieux à faire est de prendre le risque de la foi chrétienne ?




Après avoir dessiné un tableau d'une situation de crise culturelle et humaine, Marc Lambret dessinera plus précisément le tableau de la France moderne. D'abord, il souhaite briser les mauvais réflexes intellectuels de notre temps:

- Il réhabilite le terme "religieux" (il n'y a pas de terme plus noble pour un homme). L'être, c'est être responsable vis à vis de la vie, c'est l'homme qui veut être digne de vivre selon sa conscience. Les grandes religions sont les grandes traditions humaines qui sont les plus exigeantes avec ce sens de la responsabilité et de conscience. La religion est rationnelle, elle place au cœur de sa recherche le sens, la justice, le bien et le mal pour l'humanité.



- Dieu ? Considérons le d'abord comme notre grand point d'interrogation, notre grand inconnu, pourquoi l'enlever de l'équation ? De toute façon, tout dépend de nos actes. Pourquoi faire des actes bons ? 
Ils sont toujours le fruit de notre perspective de sens pour une humanité responsable. 

-Notre influence biblique, paradoxalement, ne nous permet plus de réfléchir le sens religieux universel. Les humanités grecs et latines sont pourtant, en quelque sorte, le trésor de la "religion" (souvent sans dieu) des anciens. Nous sommes les fruits de l'originalité biblique d'un Dieu d'alliance. C'est notre chance et notre difficulté de penser l'universalité religieuse qui n'est pas un détail accidentel des homo sapiens mais ce qui en eux est essentiel pour survivre et s'instituer.

-L’agnosticisme est un rationalisme refusant toute métaphysique. Pourtant la science ne peut pas aller jusque là et le doute de cette école n’atteint jamais leur propre scepticisme. L’agnostique ferme des chemins, ce qui peut lui rendre absurde la réalité du beau, du bon et du vrai. Cet agnosticisme se pose des questions limitées sur la violence antithéiste du XXeme siècle. L’athéisme humaniste part d’un bon je-ne-sais-pas, mais le flou et l’incohérence domine sur tout ces sujets.
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Lambret propose ensuite une thèse originale qui découle de la première partie du livre : les français ont une religion. C’est la religion de la démocratie. 
La laïcité est devenu un pilier de la concorde nationale avec pour but d’empêcher toute violence entre religion et pouvoir. Reconnue par l’Eglise catholique comme séparation entre pouvoir politique et religieux. (JPII et droits de l’homme, La congrégation pour la doctrine de la foi a pu défendre cette laïcité car elle respecterait au mieux les vérités procédant de la connaissance naturelle des hommes.) Il nous faut désormais coopérer pour trouver ce qui est bon pour la nature humaine. Et c’est ce que recherche notre époque moderne après les terribles guerres du XXème et le vide laissé par les traditions religieuses. Habermas et Rawles, les deux grands théoriciens sociaux pensent que la démocratie se suffit à elle-même, les religions peuvent servir pour les moments les plus sensibles et intimes mais la structure démocratique suffit pour le chemin de concorde humaine, nous sommes aussi le sommet de l’émancipation par les lumières et la raison. Mais  les événements leur donnent tort, il n’y plus que crainte, peur de l’avenir, nous sommes redevenus des païens pessimistes et raisonnables. Cette religion de la démocratie qui veut utiliser toutes les autres pour son ordre se rend compte malgré tout qu’elle ne peut pas prendre le pouvoir liturgique total (au mieux, elle n’est pas crédible, au pire, elle est dangereuse). 
Pourtant, l’espérance demeure, les gens veulent toujours changer le monde…. Oui, nous avons développé notre raison au point de croire que notre capacité de maîtriser et diriger notre raison était sans borne. Hubris ! (né de la perspective inouïe de la révélation du Christ et surtout de la sécularisation des doctrines)


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Le père Lambret souligne aussi nos problèmes de rationalité par notre refus de la notion d'autorité.
La raison est la capacité de nous rendre à la vérité en groupe, d’énoncer la réalité, de s'en approcher. La raison naît du dialogue et de l’annonce d’argument. Lambret tente de nous montrer en quoi ceux là sont toujours d’autorité. L’autorité est créatrice de sens tout en étant soumise à la réalité. La critique est intérieure à la confiance. Le fait est toujours consensus.
C'est en cela que la démocratie est un beau programme, tout homme est digne de participer à la loi et elle permet le dialogue le plus fructueux possible. La démocratie est la structure fait pour cet espoir de vérité, mais l'absolutiser n'aide en rien. L’homme a gardé les promesses du bonheur démocratique et entrevoit aussi un processus destructeur.  


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Faisons le point sur le sécularisme qui a conduit cette transformation.
Jamais l’expression aller dans le mur a été autant répétée, signe de la perception de la linéarité historique des modernes et des inquiétudes sur la perte d’horizon de ceux-ci. Le rêve de maîtrise est devenu obsession impossible. La rationalisation et l’autonomie du droit ont eu des conséquences incroyables. La légalité a pris le pas sur la légitimité. Or, la complexité de la loi et de la technique nous isole, notre conscience est désarmée, nous avons quitté l’arbitraire à une servitude que nous parons de notre assentiment. Nous sommes rouages. Nous vivons leur étourdissement et leur incompréhension. Parallèlement notre abandon de la métaphysique ne nous permet plus de réfléchir la fin de l’homme. Pourtant nos décisions ont toujours des bases anthropologiques et métaphysiques. Mais nous avons perdu la sagesse et nous nous croyons  affranchis des conditions d’origines de l’humanité. Comment ne pas voir que l’humanité n’est jamais dans le dépassement  de la religion et que celle de la démocratie est trop faible et qu'elle nous empêche de vivre intelligemment la période de crise, même si venant d'un cadre pouvant être fructueux.


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Et si nous étions chrétiens ?
Enfin, Lambret nous montre que ce que la société garde de sa foi chrétienne est très faible mais que ce petit reste est souvent meilleur que ce que tente d’apporter la nouvelle religion démocratique. Le Christ nous a conduit vers des sommets lumineux où nous ne pouvons revenir sans lui. C’est la crise de la sécularisation. (exemple du mariage, malgré les malheurs du couple, les gens veulent se marier à l’Eglise.)
Lambret nous invite à redécouvrir la beauté et la rationalité des sacrements chrétiens, et tout spécialement du mariage qui se fonde par deux baptisés qui veulent aller au bout de la logique du Salut par le Christ et de la recréation du monde dont le baptême est le sacrement. Ce mariage est le symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes. Alliance non sans chute mais toujours avec proposition de réconciliation.
La foi catholique, encore est un scandale car elle propose de sauver toute l’histoire humaine, chaque homme doit être arraché du néant. Tout cela viendrait de Jésus, fils de Dieu incarné qui a fait de sa vie un sacrifice pour la rédemption et le salut du monde. Toute le crédo peut être tourné en dérision en rengaine mais il y a ici une force comme il n’y en a nulle part ailleurs, Jésus est l’accomplissement inattendu de nos désir d’union d’amour universel. 

Bref Lambret montre combien nous avons à gagner à prendre au sérieux la proposition chrétienne. Arrêtons avec nos fausses religions, nos idolâtries, redevenons rationnel et embrassons ce qui nous permet de voir juste sur la réalité, nos expériences, nos relations et nos espoirs, embrassons le Christ. Sa parole et son corps sont le lieu surprenant mais véritable de notre communion .


Résumé du livre par chapitre :

jeudi 7 novembre 2013

l'avenir de la pensée scientifique - Levy leblond

Vidéo intéressante de la part de Jean Marc Lévy Leblond. Quelle histoire de la pensée scientifique ?

Il commence par nous rappeler les rêves positivistes d'une histoire de la science triomphale. La science par son indépendance apportera le bonheur et tout sera organisé scientifiquement. Oui, le bonheur sur un plateau...

Puis il va prétendre avoir reçu un document de 2213 de l'histoire des sciences, une manière pour lui de décrire sa propre perspective historique.
Le 20ème siècle fut paradoxal, c'est au moment de la modernisation durant sa deuxième partie que la science proposa de moins en moins de progrès scientifique mais ne fit qu'exploiter ceux de la première moitié.

Le 21ème siècle sera le temps de la déchéance et de la renaissance.
La déchéance est ce que nous vivons actuellement et qui transformera la terre en chaos dans les trente prochaines années. Il en profite pour dessiner une renaissance et donc ce qui pour lui apportera un renouveau de la pensée scientifique qui ne se fera donc pas sans un retour à la base.
Que se passe-t-il maintenant ? Levy Leblond pense que nous exploitons la science économiquement mais que cette exploitation ne nous permet plus de la penser et ainsi de réaliser des percées véritables. Cette déliquescence s'accouple avec une chute des sciences sociales seulement devenues utiles pour vendre et délégitimées en terme d'outil de recherche de la vérité. Selon lui nous vivons la fin d'une période de quatre siècles commencée au 17ème. Conjugaison de l'efficience à comprendre le monde et du désir à le transformer. Nous vivons l'aboutissement de la pensée de Descartes. La maîtrise du monde. Cela donne une période de latence, il n'y a plus vraiment de pensée mais une recherche d'efficacité technique.

Il en profite pour dessiner un scénario de l'effondrement qu'il semble deviner au cours des prochaines décennies. Désastre écologique, manipulation de la terre, tensions sociales, nationalisme militaire agressif. Un jour tout pourrait dégénérer, il suffira d'une étincelle, "d'une erreur", de l'activation des alliances pour démarrer une guerre atomique terrifiante qui sera conduite par pilote informatique informatisée, après de fortes retombées nucléaires, il y aura un hiver nucléaire qui apportera le fléau sur toute la terre.

Levy-Leblond imagine un humanité se réorganisant petit à petit par base autonome régionale autonome se rénovant par réseau et non par nation. Après une perte lourde en science, les documents seront rétablis
Retour d'intérêt pour la science historique, redéfinition des termes en communauté plus large. Ils seront hantés par les question éthiques. Il soumettront la praxis à la théorie. Les institutions économiques et marchandes ne reprendront pas la main sur les recherches. Ils voulurent remettre les sciences de l'homme au centre de la recherche. Comment lutter contre la violence de l'homme ? La réflexivité sera au centre des recherches, c'est à dire la capacité à se regarder et à remettre en cause son propre langage et sa recherche.


En bas, transcription au fil de la vidéo....


mardi 5 novembre 2013

Le mari à la porte - Offenbach

Je suis heureux d'avoir trouvé cette petite perle. La lumière est jolie, les chanteuses sont gracieuses, Offenbach est inspiré. 

Offenbach encore aime à se jouer des codes. Un homme est dans la chambre de la femme et le mari va rentrer.... Mais cette fois ci, c'est la femme qui découvre l'amant dans le placard (il vient de la cheminée après une courte poursuite...). Et s'ils s'enferment dans leur chambre avec la témoin de la mariée, ce n'est pas pour cacher un amour interdit mais pour tenter de sauver l'honneur de la jeune mariée qui est innocente de toute cette situation. Tout finit bien mais nous nous serons préalablement moqué des mariés, des bourgeois et le cocu bourgeois, par intermédiaire de la référence de Georges Dandin), est bien vilipendé malgré tout... Le triangle amoureux connait des variations inespérées.

5,40 : duo des femmes
11,35 : Valse de Rosita
20 Trio de la rencontre
32,28 Quatuor
43,30 trio de la mort certaine
47,30 quatuor final

J'aime beaucoup aussi cet extrait espagnol, il assume mieux, je pense l'aspect déjanté de cette opérette.




dimanche 3 novembre 2013

Lettre à mon frère, sur le monde tel qu'il ne va plus - Sarton du Jonchay

J'aime beaucoup de choses dans ce texte. C'est celui d'un homme qui tente de renouer le contact avec son frère après ce qui semble être une brouille intellectuelle. Comment analyser le monde dans lequel nous sommes et comment se comporter face à lui, même si nous ne l'aimons pas.
Cette situation donne à ce texte un ton enlevé et une émotion continue.

Que se passe t-il ? L'auteur explique pourquoi le monde et la société française se meurent. Il veut se battre contre cette réalité en expliquant en quoi elle va contre la réalité de l'homme.
Que se passe t il ? Le discours mathématico juridique nous enlève le sens objectif de la réalité. Nous avons perdu l'esprit de la vie. La communion humaine n'est plus possible.
La finalité du travail est confisquée. Sa spiritualité a disparu, nous sommes rouages d'un système qui ne vise pas le service de l'humain et qui exclut une partie de la population du travail.

L'explicitation du mal qui nous assaille est limpide, pour qui veut comprendre, dans l'allégorie biblique de la tentation de l'homme au paradis. D'abord émerveillé de la création dans laquelle il se trouve, l'homme se met à réfléchir sur son rôle et sa responsabilité. Au lieu de suivre l'invitation du Créateur qui réside en lui à croître et à transformer le monde dans le sens donné de la création, c'est à dire dans la reconnaissance volontaire de la gratuité du don librement reçu, l'homme s'enferme dans son intellection spéculative de ses sensations physiques et se met à nommer les choses tout seul pour se placer individuellement comme cause toute puissante de tout ce qui existe en bien.

L'intelligence subjective, hors du réel conduit à la violence humaine, à la violence structurelle. La rationalité ne devient qu'une arme d'exploitation déconnecté des raisons de la sociabilité humaine. Les hommes perdent leurs racines, nous sommes des individus incertains et ce sont les malins qui dominent et influencent leur monde à leur profit. Nous tombons dans un monde globalisé dominé par l'argent et l'informatique.

Je comprends bien moins bien encore tout ce qu'il raconte sur les prix... cela viendra, le sieur n'est pas clair sur tout... Mais j'aime sa remise en cause de l'intelligence humaine moderne : On ne veut plus que le verbe fasse chaire...

vendredi 1 novembre 2013

Agathe

Poème de la résurrection, résurrection attendue qui éclaire de mystère la nature, nos relations, nos amitiés, nos amours, notre subjectivité. Le seul élément qui nous permet de vivre la promesse du paradis (si instinctive) est le souvenir de notre enfance. La répétition des premières phrases de chaque strophe (mis à part la ponctuation) en est le signe dont nous ne pouvons qu'espérer...


LXII - Moesta et errabunda
Dis-moi ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité?
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe?

La mer la vaste mer, console nos labeurs!
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

Emporte-moi wagon! enlève-moi, frégate!
Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs!
- Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe
Dise: Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,
Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,
Où dans la volupté pure le coeur se noie!
Comme vous êtes loin, paradis parfumé!

Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines,

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encor d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?

Les Fleurs du malCharles Baudelaire