mercredi 28 août 2013

the century of the self d'Adam Curtis. Le XXeme narcissique et manipulateur.

Je vous conseille fortement la vision du reportage "The century of the self" de Adam Curtis. Nécessaire pour comprendre le XXème siècle capitaliste et psychologique qui est devenu narcissique et manipulateur....

1èr épisode, Machines à bonheur

2nd épisode, la fabrique du consentement

3 épisode, Il y a un policier dans chacune de vos tête, il doit être détruit.

4ème épisode, 8 personnes sirotant du vin à Kettering



On ne peut résumer l’histoire de l’occident au XXème siècle à celle des recherches psychologiques et de leur application. Mais il me semble, après avoir vu le reportage de Adam Curtis "the century of the self", qu’on ne peut pas les évacuer non plus. Je crois que l’on tient ici un fil crucial pour la compréhension de celui-ci, sa violence, l’évolution de son esprit, sa passion des objets et du "soi-même". L’ambition de Curtis est gigantesque mais il en résulte une série de reportage passionnant avec certainement des éléments vus trop rapidement ou trop appuyés mais le tout est très convainquant au final par ses images, témoignages, la logique globale du reportage et ce que je distingue comme rationnalité. 
Il montre l’évolution de l'individu occidental, de l’homme traditionnel à l’individu consommateur. De Freud à Clinton. (Même si plus que jamais, Freud me semble le prophète de Girard, qui aide mieux à comprendre dans sa globalité "l'inconscient", le désir, la foule et les processus d’indifférenciation et de bouc émissaire....)
Le développement de la science psychologique permet de comprendre aux politiciens et aux industriels que l’homme est principalement irrationnel dans ses motivations et ses actions. La violence, le sexe, la séduction, le grégarisme sont à l’intérieur des hommes. Comme vu précédemment, Bernays est le premier à vouloir adapter les thèses de Freud son oncle pour le business et la politique. Ses thèses arrivent au moment de la poussée démocratique et donc de désir d’égalité et d’anti-domination politique ainsi que dans une société de désir et non plus de demande. Les politiciens et les producteurs ont besoin de l’industrie du consentement pour gagner des élections et vendre leurs produits. Devant le chaos du capitalisme devenu fou et la réaction totalitaire, Freud et la psychologie prennent peur. Ils comprennent qu’ils ont de la dynamite entre la main.
Mais le pouvoir se prendra désormais toujours par ceux qui savent lire les besoins du peuple et les combler. Tout devient ensuite évolution et tergiversations de la science psychologique, de l’adaptation du business, de la politique et des masses elles-même.
D’abord, pris en main par Anna Freud et ses amis, la psychologie mue par ses découvertes effrayantes sur l’irrationalité de l’homme poussera les institutions à jouer au sur-moi des individus, réprimer les pulsions et jouer sur le conformismes et même pourquoi pas contrôler l’individu et la masse.  Devant le malaise et les échecs de ces mouvements, les individus vont se mettre en révolte et chercher à développer leur propre moi débarrassé de l’enveloppe conformiste créée par une société de consommation. Les politiciens et les producteurs commencent à avoir peur, mais découvrent que ces gens sont au final des bons consommateurs qui cherchent leur "moi" dans la consommation particulière. C’est le temps des études lifestyle, des études marketing. Nous arrivons à l’individu narcissique, imbu de la libération du désir, et de sa réalisation. Ceci va conduire au succès paradoxaux des politiciens libéraux de Reagan à Blair, avide de focus groupe. Nous sommes passés d’une société  de grands mouvements politiques aux politiciens prestataires de service face aux électeurs consommateurs manipulables. (Remember, par exemple, Sarkozy-Guaino-Buisson 2007 !!!!)

Que faire ? C’est cette question qui me vient face à ce reportage mais c’est aussi la question à laquelle ont répondu les politiciens, psychologues et industriels. Que faire face à un monde qui n’a plus d’autorité ni de médiateur externe a respecter ? Que faire face à la violence de l’homme sans sacré ? (puis aussi que faire pour s’enrichir...) Les politiciens face a la compréhension psychologique ont donné à leur peuple de plus en plus, de mieux en mieux ce dont ils avaient besoin. Des marchandises à foison, l’illusion d’un moi autonome. Sans le percevoir, la masse s’est laissé manipulée. A la place des castes et des rois, nous avons reçu l’illusion du moi et des spin doctors. Ce reportage conforte le girardien sur la nature mimétique de l’homme, on pourrait s’en désoler à la vue de ce reportage. Car qui le sait et l’exploite (psychologie-marketing) maîtrise le peuple et s'enrichit sur lui. Ce qui est la devise positive du marketing : « Nous donnons au gens ce qu’ils veulent vraiment »  devient la règle de sa manipulation et de l’esclavage des hommes.
Le chrétien tentera de dire qu’il faut le savoir, non s’en servir mais comprendre la vocation de l’homme à une relation parfaite avec "l’être". L’Eucharistie est le centre des désirs des hommes, et sa vocation, manger Dieu mort et ressuscité pour entrer en communion avec lui. L’utilisation consommatrice de cet élan ne conduit que vers l’irrationalité, le mensonge. Si la raison conduit vers l’Eucharistie, la propagande conduit vers la consommation comme religion. Notre monde de consommateur devient une grande singerie de l’Eglise adoratrice.
La publicité ne ne reprend elle pas pour elle la prière eucharistique, "fruit de la nature et du travail des hommes"... mangez en tous... Devenez ce que vous recevez. Et Bernays (et tous les marketeurs après lui) disent que ceci est le pain de l’alliance éternelle et de la paix.
D’un point de vue sociale,  on comprend que cette religion a besoin de grands prêtres (politiciens, industriels, marketing)  pour canaliser la violence du groupe. Ecoute des prières, production illimitée de marchandises, canalisation de la violence et au final avidité du pouvoir et mépris de la raison.  La marchandise, l’argent sont les boucs-émissaires déifiés et consommés de cette religion. Cependant, cette religion repose sur des mensonges et de idolâtrie, ses structures sociales et spirituelles conduisent vers des aberrations qui rentrent en contradiction (individualisme, autonomie du désir, productivisme et propagande de plus en plus irrationnelle). N’est ce pas aussi "l’apocalypse" (la révélation) que nous vivons ? Encore une fois, dans un monde sans béquille sacrificielles, que faire du désir des hommes si ce n'est les présenter devant la croix du Christ ?


A noter cette lettre de Huxley a Orwell....


Résumé, épisode par épisode :

dimanche 25 août 2013

Je suis une merde

Trouvé par hasard de mes pérégrinations d’internet, l’auteur du blog, « je suis une merde », Joachim Bel Mokhtar a, pour moi, écrit le manifeste de l’homme moderne. Six notes brèves et un résumé impeccable, implacable et essentiel.

On ne décrit bien seulement les enfers dont on a su se sortir. Je lis donc ce blog comme le récit d’un homme libre qui raconte avec vérité et lucidité son ancien emprisonnement. (enfin, j'espère...)


Il y a une généalogie évidente entre ce blog et les notes dans un sous-sol de Dostoievski. Le temps est passé, l’homme moderne a évolué mais il demeure ce dont Dostoievski a cerné. Dans le monde moderne sans roi, ni dieu, ni classes, nous sommes condamnés à une course à « l’être » dont nous sommes tous les perdants sauf l’autre, le rival si proche qui nous expose sa réussite, son « être » qui ne cesse de nous humilier. L’abolition des frontières interhumaines met tous les hommes sur la même ligne de départ. La victoire nous échappe que par notre propre faute, manque de volonté, faiblesse, paresse et enfin toujours cet autre, toujours, sans cesse, partout. « Je suis une merde » est le cri intériorisé de notre monde. La procrastination, l’hypocondrie, l’art vaniteux, sont les conséquences naturelles des hommes dont la défaite hante, blesse mais qui ne peuvent plus vivre sans, sauf en croyant quitter le jeu où alors ils se créent un personnage misanthrope au code personnel élaboré mais laid et toujours aussi vaniteux....



 Le jeune homme est passé d’une enfance choyée à un monde adulte pris dans cette course vers le néant aux relations d’autorité pervertie. Notre misanthropie est à la hauteur de notre déception et de notre fascination pour la violence de ces relations perverties.

Nous associons toute recherche de vérité à ce combat vaniteux, nous nous satisfaisons de notre retraite de ce combat, par simplisme ou au mieux par sa relativisation, hypothétique troisième voix à la mesure de notre mépris pour la vérité, la science et les religions.

En lisant ce texte, je pense que nous sommes tous des « Icare ».... Un être autonome qui se tourne vers le soleil. Détaché de tous liens terrestres et sociaux, nous cherchons à atteindre le soleil, à arracher « l’être » par nos propres forces. Nous nous écrasons alors et la seule marque de noblesse qui nous restera est de citer ce vers de René char. "La lucidité est la blessure la plus proche du soleil."

D’un point de vue chrétien, cette description de l’homme moderne est le piège d'une société chrétienne qui a perdu la foi. Cet homme "moderne" est le descendant du chrétien. C’est à dire l’homme qui peut faire connaissance de « l’être » depuis l’Incarnation mais qui a oublié que cet « être » nous était donné. Nous cherchons à le prendre par tous les moyens alors qu’il ne cesse de se proposer.





Le chrétien vit ce chemin paradoxal de la possibilité de la réalisation de soi (Incarnation) à la découverte de abolissement de soi (la crucifixion).

Notre vanité peut être combattu par la reconnaissance que l’« être » seul se situe vraiment dans ce Dieu crucifié, qui nous a donné la possibilité de la vanité (invasion de la médiation interne) ou de la communion avec lui... L'apocalypse (la révélation) n'est pas seulement historique, elle est devenu individuelle. La création de l'individu moderne par le christianisme nous conduit au sous terrain ou au Golgotha.... A la possibilité d'une perversion plus grande des relations comme à la possibilité de la rencontre véritable en passant par une conversion qui peut ne pas être seulement chrétienne.
Pour plus de détails, je conseille la lecture de critique dans un sous terrain de René Girard.

Ci dessous, une tentative de résumé des 6 parties du blog "Je suis une merde".


jeudi 22 août 2013

Interview Fumaroli - Paris, New York aller retour

Éloquence et beauté se tendent la main...

Merveilleuse interview de Fumaroli. Message essentiel sur l'art comme correspondance avec la création du Dieu incarné. Du Dieu qui par définition l'on ne peut idolâtrer. Saurons nous revenir des images idolâtriques ? Comment dépasser notre crise d'adolescence ? La beauté peut elle revenir ?
Par cette interview, Fumaroli veut nous faire sentir la substantifique moelle de son dernier livre Paris New York et retour, voyage dans les arts et les images. Enquêtant pour un livre sur l’origine chrétienne de l’art, et voulant montrer comment l’art chrétien, à l’image du saint suaire, recherchait toujours l’insaisissable incarnation, la croix, et cette vocation d’aller à l’essentiel, d’inviter à un dépassement de l’image, il se retrouve à New York, il est pour la première fois aux prises, à haute dose, avec les images publicitaires et techniques. Il découvre leur force de mystifications, l’éloignement du réel qu’elles procurent, leur enfermement sur un monde prédéfini.
Ces images représentent notre monde d’abrutissement par le mouvement, la publicité, la propagande (l’anti-éloquence). Laideur et relation pervertie. Séduction et grégarisme. Les images vont à l’encontre de tout otium, méditation lente et curieuse de la vie et du monde où devait conduire l’art. Tout n’est plus qu’idolâtrie et la rencontre véritable disparaît.
La beauté reviendra, nous sauvera ?
Fumaroli répond qu’elle ne meurt jamais même si nous nous éloignons d’elle. La beauté nous aide à retrouver notre propre dignité d’image de Dieu et à symboliser cette parenté dans l’oeuvre...

Dans notre Europe en crise d’identité et économique, nous ne faisons que bien survivre, il n’y a plus de surcroît de vie, ni de sens, ni de joie.


Interview de Enthoven avec Fumaroli


Très bon recenssement du livre ici

Signalement de l'express

Et enfin,  pour la bonne bouche, un peu de Muray


résumé plus détaillé de l'interview :

mardi 20 août 2013

Bonjour l'angoisse - Pierre Tchernia

Bonjour l'angoisse - 1988 - Pierre Tchernia

J'aime ces films anodins qui révèlent bien plus qu'on ne pourrait le croire....

Michaux est un brave homme. 30 ans de maison chez "stop alarme". Une femme et deux filles charmantes. Un joli chez soi. Mais il vit constamment dans l’angoisse, la peur, la timidité. Son double du miroir ne cesse de l'humilier, de le ridiculiser.
Le film sera l’occasion de se moquer de la vie d’entreprise et de brosser le portrait d’un timide. Ce qui donne un coté Moliéresque au film. Un vice personnalisé et analysé.


Michaux est sur un siège éjectable chez "stop alarme", un nouveau président est arrivé. Du genre sur actif et cost killer.
Michaux, un jour, à la pause de midi, devient le témoin d’un braquage. A ce braquage, son entreprise est fautive, l’alarme a mal marché. Il le découvre, le tait pour protéger l’entreprise. Michaux déduira qu’il y a un traître dans l’entreprise qui a du donner le plan de l’alarme aux escrocs. Le personnage joué par Bacri, en effet, manigance et souhaite voler les plans d’autres alarmes. La police mène l’enquête et souhaite aussi retrouver un mystérieux témoin vu de dos sur une photo. (Michaux himself)
Parallèlement à cette enquête, Michaux semble proche de la folie, son double du miroir le nargue de plus en plus, tout chez lui est gène, embuche et paralysie.
Grace à une agression dont il est témoin dans la rue, où il se révélera héroïque, il se décide à dire la vérité à tout le monde. Il coincera les méchants grâce aux miroirs de l'entreprise, grâce à son métier et au génie de son ami. Il gagnera l’estime de son patron et se conduira en bon chef de famille.

Ce film est très étrange. Son humour se prend la marche, le rythme comique est le mauvais… Mais je n’arrive pas à savoir si cela est fait exprès ou non. Si cela est le cas alors, c’est très, très fort ! car il accomplit  à merveille la sensation de malaise d’angoisse, des problème d'harmonie de Michaux. Ce « vieux con » timide. Tchernia nous dit de manière aussi simple qu'élaborée pourquoi il l’est et comment il ne cesse de subir sa vie. Il écoute son reflet dans la glace... Il est son propre juge intraitable. Il se condamne sans cesse. Il est son juge et sa victime. Cette mauvaise manie l’enferme dans son rôle, dans ses maladresses. Suite aux événements malheureux, cela va aller si loin, qu’il sera proche de l'auto persécution, de la folie. Il devient alors extrêmement mimétique. Oui, non, oui, non, tout cela dépendra du sens du vent. Quand on est son propre juge, tous les autres le deviennent aussi. Et nos excès de courage sont des réactions exagérés face à nos juges. Nous sommes durs avec ceux qui sont encore plus timides. Nous ne sommes plus entendus dans la famille. Nous sommes remplis d’imaginations (Al capone, Saint ex) où nous redevenons forts (un homme, cela n'a pas peur…). La libération aura lieu quand notre bon héros brisera les différents miroirs où le "méchant", l'adversaire se cachait derrière un miroir sans teint, Bacri, sorte de diable, n’était il pas celui qui jugeait vraiment derrière le miroir où il se cachait dans l'entreprise ?
Le monde du travail est représenté comme gris. Des chefs, de la paperasse, de la servilité (qui se caractérise par du mimétisme envers le patron), de la fidélité bafouée, des talents oubliés, des relations humaines humiliantes. Heureusement, il y a la famille. Lieu où l’homme guérit de sa solitude et où la paix renaît. Non ? (c’est vrai que cette famille est critiquable par ailleurs)
Au final, un film déstabilisant car je n'ai pas su s'il était génial ou bancal. Un portrait aussi bien humoristique qu’effrayant du timide, des années 80 laides à pleurer.

A noter
Le garçon de café (presque) honnête.
Une ancienne amante très cambaceres
Une femme qu’on redécouvre sensuelle
Des portes qui s’ouvrent et qui se ferment
Un petit fils à consoler.
Des filles charmantes
Cambacérès
Muriel Robin insupportable
La place Lafayette
Michel Serrault forever
Un broc de lait

lundi 19 août 2013

Eric Zemmour sur le féminisme, la virilité et le couple


Sur une video datant de la parution de son livre, le premier  sexe, Zemmour diagnostique un malaise dans la modernité sur la question de la différence des sexes. Plus que cela, il voit aussi un terrorisme intellectuel.
Selon lui, il nous est imposé, peu a peu, indifférenciation des sexes et ses conséquences. Tout le monde, hommes ou femmes, peut tout faire, l'égalité des sexes (bien mal définie) est une obligation historique et même la personnalisation d'un certain progressisme auquel il ne reste plus grand chose... Qui ne pense pas ainsi est un macho (ce qui est devenu aussi infamant que facho) donc un homme violent contre les femmes. C’est un qualificatif qui vise la mort sociale. L’indifférenciation est en chemin... 

Pourquoi ? Que s’est il passé ? Zemmour pense que les hommes ne veulent plus autant de responsabilité. La virilité, l’identité des hommes face à la guerre s’est transformée depuis 14-18, de plus le capitalisme veut des consommateurs, des individus interchangeables et manipulables et non des hommes critiques et producteurs. Il ne faut pas oublier les féministes et les lobby gay travaillant dans cette direction.

Cette indifférenciation rencontre un autre phénomène, l’instauration du couple roi. Il n’y a plus l’intérêt de la famille. C’es aussi pour cela qu’il y a tant de divorce, le couple a été sur-investi au point qu’il ne peut répondre à toutes les attentes...

Tout est chamboulé, les hommes sont terrorisés et les femmes avouent à demi mot leur malheur de ne plus compter sur les hommes.

Zemmour s’insurge contre la supercherie féministe. L’invention de la femme victime et oubliée d’une société machiste est une illusion née de bourgeoises voulant avoir les premiers rôles de intelligentsia, refusant la différence sexuelle et refusant le génie masculin comme il est présenté dans l’histoire. Génie que Zemmour explique par la capacité de transgresser.

Enfin, il pense que toutes ces folies conduisent à imposer le désir féminin à l’homme, celui qui réconcilierait désir et amour. Déjà, l’homme du 19ème a recréé le mariage de convenance et le bordel.

Les conséquences de ce chamboulement peuvent être la soumission des hommes (et le malheur des femmes) ou bien la virilité humiliée et "ressentimentale" que Zemmour voit dans le porno actuel et dans un machisme chaotique de banlieue. Revanche....



Quelle virilité pour les hommes d'aujourd'hui ?





Comment ne pas penser à ce poeme de Vigny après écoute de la vidéo....

La Femme est à présent pire que dans ces temps
Où voyant les Humains Dieu dit : Je me repens !
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté.


Comment ne pas partager cette impression de malaise sur cette question. Malaise ressenti par nos expériences personnelles, nos observations sur le militantisme de l’indifférenciation et nos propres doutes inavouables de génération de chrétiens féminisés. C’est en cela que je peux me sentir proche de Zemmour. Je crois qu’il cible de vrais problèmes. L’indifférenciation (donc), la recherche de la virilité perdue, le divorce de masse, la différence des désirs....


Mais, si j’aime entendre un avis aussi tranché, je ne partage pas toujours l’avis de Zemmour sur ces questions.

En particulier sur la question du couple. Zemmour regrette ces couples féminisés où l’homme s’astreint ou fait semblant de s’astreindre à une fidélité qui n’est pas faite pour lui. Les chrétiens aurait créé ce mariage d’amour et de fidélité par folie et par intégration forcée de valeurs féminines dans le couple. Nous en vivons le drame aujourd’hui, où tout n’est que déception par attente démesurée. Zemmour semble dire que le couple bourgeois balzacien (avec une danseuse quelque part) fut une victoire des hommes dans ce rapport de force éternel. Zemmour ne se révèle-il pas un continuateur de la guerre des sexes ? Il analyse l’indifférenciation actuelle comme une hubris féminine malheureuse qui imposerait son désir et sa sécurité aux hommes.

Le couple d’amour serait donc une légende dangereuse.

C’est bien sur très éloignée de la perspective catholique. Le couple homme-femme aimant est image divine. Le désir partagée dans l’amour, signe divin. Tout amour humain prend modèle de l’amour de Dieu pour son peuple puis Son Eglise. Rencontre, désir partagé et communion. Cela ne se fait pas sans malentendu, piège, désillusion, pardon dans notre humanité blessée. On ne peut pas reprocher aux jeunes générations de croire que dans l’amour du couple se trouve ce qui vaut d’être vécu. On peut regretter de voir qu’il ne comprenne pas la vertu de chasteté, de séparation (à propos de ce terme, je me réfère toujours à ce texte). Quand au désir masculin, il doit apprendre la frustration....

Ensuite, le génie des hommes seraient la capacité de la transgression. Je ne suis pas très sensible à cette particularité masculine. Si transgression veut dire plus grande capacité de violence, cela me semble juste. Ou bien l'homme, contrairement à la femme ne veut pas être le bon élève, il veut devenir prof à la place du prof... Mais Zemmour ne développe pas la notion de complémentarité des sexes, ni leur sens. Dans cette relation de complémentarité qui symbolise la réconciliation entre Dieu et sa créature, la femme est le symbole de l’humanité dont elle fait partie et l’homme est le symbole de Dieu qu’il n’est pas.

Mais maintenant, je dois laisser la parole au père Marc Lambret et prendre deux extraits de deux conférences données autour de ce sujet. Ces extraits comme ces conférences me semblent lumineuses sur cette question.







Dans l’attente du salut, par la grâce prévenante de Dieu, l’homme n’a pas oublié tout à fait le bonheur de la vie et celui qui en est la source : il garde au cœur la recherche de son créateur et le goût du bien, c’est-à-dire de l’amour. En particulier, il ne cesse de poursuivre le bonheur de s’aimer, homme et femme, lorsque chacun est ce qui peut absolument combler l’autre de joie, et que chacun s’y emploie de tout son être, sans restriction ni calcul, et que le plus grand bonheur de chacun est de rendre l’autre heureux.


La dégradation et la perversion de cette situation advient lorsque chacun se met à craindre et jalouser le pouvoir qu’a l’autre sur lui. Tel est le sens profond de l’expression : ils virent qu’ils étaient nus. Avant la transgression, l’homme et la femme étaient "nus sans se faire pâlir", c’est-à-dire qu’ils étaient à la fois puissants (autre sens de arum) et vulnérables (sens figuré de la nudité) sans que chacun n’inspire à l’autre de la peur ou de l’envie, parce qu’il n’y avait entre eux que confiance. C’est la rupture de cette même confiance entre Dieu et eux de leur côté qui se répercute dans leur relation mutuelle. De même que l’homme se met à craindre et à envier le pouvoir créateur de Dieu, au lieu de l’accueillir en toute confiance puisqu’il est toute bienveillance, de même l’homme et la femme se mettent à craindre et envier chacun le pouvoir de l’autre sur lui, précisément en rapport avec la procréation, le pouvoir de donner la vie. C’est ce pouvoir qui donne toute son importance réelle et symbolique à l’acte sexuel, et l’on ne cesse de désirer l’exercer, d’une part pour vérifier qu’on possède bien le sien, le pouvoir de son propre sexe, et d’autre part pour tenter de capter et d’acquérir, en quelque sorte, celui de l’autre. On voit bien que ce désir est, de soi, insatiable. Il ne peut bien se réaliser que dans l’alliance conjugale où, sur une parole échangée, chacun accepte d’être tout entier pour l’autre, librement, exclusivement et pour la vie.


La différence sexuelle est l’inscription dans notre humanité de son origine divine et de sa vocation à être "épousée par Dieu" et ainsi divinisée. La perturbation du bonheur qu’il y a à être homme et femme et à s’aimer mutuellement comme tels est le signe et la conséquence du péché qui est entré dans le monde, entraînant avec lui la mort. La réussite de l’amour conjugal est un signe par excellence du salut, c’est pourquoi le mariage des baptisés, sanctifié comme tel, est un sacrement de la nouvelle et éternelle Alliance en Jésus-Christ.



Donc la masculinité et la féminité sont des signes complémentaires portés par l’humanité, des signes essentiels, qui disent d’où nous venons et où nous allons et sans lesquels il n’y a plus d’humanité : si ces signes venaient à disparaître avant l’avènement plénier de la réalité qu’ils annoncent, l’humanité serait informe et dépourvue de visage comme de sens. En même temps ce ne sont que des signes, au sens où, hommes et femmes, nous sommes l’humanité que représente le signe de la femme ; et au sens où, par les hommes et par les femmes, Dieu réalise son projet d’amour sur l’humanité, puisqu’il nous fait participer à son propre acte divin de réalisation de son dessein, ce dont la virilité est le signe.


Comme signes, ces signes de la féminité et de la masculinité, pour essentiels qu’ils soient, sont certes à garder et à cultiver, mais non pas à adorer ni à absolutiser. Et, comme signes portés par les uns et par les autres, ils sont signes pour tous. Ils ne sont donc sûrement pas non plus à accaparer. Les hommes n’ont pas à accaparer le signe de la masculinité, pas plus que les femmes n’ont à accaparer celui la féminité. Mais la tentation n’est pas la même dans les deux cas, car, si la femme porte le signe de l’humanité qu’elle est, l’homme porte le signe de Dieu, qu’il n’est pas. Il est bien naturel que l’on désire plutôt accaparer ou revendiquer le signe de Dieu que celui de l’humanité.

jeudi 8 août 2013

René Girard et Benoît Chantre sur France Culture - Europe, catholicisme et Hölderlin


René Girard et Benoit Chantre sont interviewés par Michel Cazeneuve dans son émission de France culture, "des hommes et des dieux" en 2008. Ce spécialiste de Schelling et de Jung les interviewe peu de temps après la sortie de "Achevez Clausewitz". Très rapidement, le thème central de la conversation sera Hölderlin. Et plus particulièrement, l'exégèse de Girard sur la retraite de Hölderlin durant toute la seconde moitié de sa vie. Girard y distingue un modèle de sainteté catholique et de rigueur intellectuelle. Il regrette seulement qu'Hölderlin n'ait pas rencontré Dostoïevski qui lui aurait parlé de son expérience personnelle d'homme moderne mais qui comprend l'instabilité de nos temps violents, mondains, vaniteux où tout devient montée aux extrèmes et défiguration du Christianisme.
Chantre et Girard en profitent pour définir un catholicisme qui est dans le monde et hors du monde. Dans le soutien à l'empire et contre l'empire. Car ce catholicisme est pour la stabilité et pour la vérité. Simple et compliqué......



 Selon Girard, Clausewitz est le prophète joyeux et tourmenté de notre époque de violence non limitée par les traditions et les règles rituelles. Clausewitz l’analyse principalement dans le domaine guerrier. C’est la vraie bascule de la révolution française et de Napoléon. Girard y analyse la « montée aux extrêmes » qui est la voie naturelle du désir humain et de la violence si celle ci n’est plus ritualisée et limitée par la religion.
Clausewitz est un ce sens le précurseur du totalitarisme, l’utilisation de la force de la foule nationale dans la guerre. Et en ce sens, le premier théoricien du nationalisme, la nation comme idole


Girard analyse brièvement la réaction de l’Allemagne et de ses intellectuels face à la révolution française. C’est leur grande question et leur grand défi.

Girard décrit la connivence première des intellectuels allemands avec la révolution (fascination de Kant) et Napoléon (fascination de Hegel). Souvent, pour eux, l’arrivée des français devait être un mouvement amenant une nouvelle humanité plus libre et fraternelle ou bien encore le signe de confrontation et de risque mimétique (Fichte). Hölderlin est le premier à s’attrister que la révolution française n’est qu’un événement politique et non métaphysique. Hölderlin est cet écrivain qui a partir de 1806 partit vivre les 36 dernières années de sa vie dans un moulin à Tübingen. Isolé et pris pour fou.


Girard admire ce personnage et son geste final. Il défend la thèse que ce n’est pas l’acte d’un fou mais est le geste le plus courageux et le plus respectable de la part de l’école intellectuelle allemande.

Hölderlin 1792
Girard comprend d’abord la retraite d’Hölderlin comme le fruit de sa déception de ses contemporains et de l’évacuation de leur part de toute transcendance, soit par un retour romantique au paganisme grecque soit un syncrétisme anti-chrétien. L’Allemagne plus religieuse essaie de créer une contre-bible, une amitié entre Jesus et Dionysos. Hölderlin n’y croit pas. Il a l’intuition de la violence du dernier et de l’incompatibilité entre les deux. Mais en réaction contre le protestantisme maternel, symbole de carrière, de piétisme, il n’a pu l’exprimer correctement, il a démissionné et s’est exilé. C’est ici qu’il faut prendre au sérieux sa phrase entendue lors de son exil intérieur, « Je songe à me faire catholique ».


Il s’est exilé, Girard y distingue aussi une sainteté particulière, là où Nietzsche est tombé dans la folie. Hölderlin a plutôt choisi le Christ et Nietzsche Dionysos.



Girard appuie aussi sur le fait du mimétisme puissant du jeune Hölderlin, de sa passion effrayante pour les grands hommes de son temps (Schiller et Goethe). Girard lit dans "Hyperion", la preuve et la description de la bipolarité, du syndrome maniaco-dépressif, symbole de sa phase mondaine. Mais paradoxalement, cette sensibilité puissante au mimétisme va aider Hölderlin à associer paganisme et mondanité, il va s’échapper de celle-ci, de son malheur et se rapprocher du Christ.


Hölderlin 1842
Pour Girard, Hölderlin éclaire la rupture propre à la révélation chrétienne. Une rupture comme forme d’équilibre spirituelle. Malheureusement pour lui, Hölderlin n’a pu connaitre Dostoïevski qui a pu analyser avec une incroyable force le sous-sol humain dans les notes dans un sous terrain.


On peut comprendre ce trouble bipolaire comme un mysticisme instable qui divinise le moi et l’autre frénétiquement et tour à tour. Tout devient sensibilité extrême et fluctuation de la bourse des valeurs du "moi" et des "autres". Tout intellectuel est peu ou prou maniaco-dépressif, il faut pour pouvoir penser l’expérience intime de l’exaltation et de la mélancolie, du mimétisme. C'est ce que Hölderlin a vécu passionnément et ce que Freud n’a pas vécu ou n’a pas traduit dans ses œuvres.



Au centre de l’interview, Girard et Chantre introduisent une pensée catholique politique. Le rapport entre la papauté et l’empire est simple et compliquée. C’est un rapport d’union et de conflit. Etre pour l’empire, c’est échapper du mimétisme originaire européen entre Charles le Chauve et Louis le germanique, la division franco-allemande. L’Eglise peut être du coté de l’empire pour éviter les guerres et toujours en conflit contre l’empire pour refuser sa main mise. Position simple mais très compliquée pratiquement. La division des fils de Charlemagne s’est faite au détriment de l’Europe. Refus de l’équilibre et de la continuité de l’empire romain.

Je découvre aussi grâce à cette interview la volonté de la part de Girard et de Chantre de définir leur catholicisme.

A travers la revue en accéléré de l’histoire européenne, le catholicisme est le créateur du désordre et la stabilité possible dans ce désordre. Le seul lieu tenable dans un monde de la démystification qu’il crée. Tout le magistère, la tradition, la logique, l’institution sont les symboles de ce petit repère de stabilité, c’est la stabilité dans un monde profondément déstabilisé par sa propre révélation. Loin des ambitions sociologiques de Gauchet, il faut voir le Christianisme porteur de sa propre critique et voir qu’elle maintient ses affirmations. Comme le dit Chantre, être catholique, c’est avoir un pape, un magistère qui ne dépend pas de soi. C’est aussi ce qui demeure de ce qui aurait pu être l’empire s’il ne s’était pas effondré. La catholicité se prend aussi dans sa romanité, dans son souci de stabilité.



Bref, la catholicité est essentielle anthropologiquement pour échapper à toutes le bipolarités, individuelle ou sociale



Il faut prendre au sérieux le désir de Dante, guelfe, d’être du coté de l’empire contre la papauté. Il refusait au pape Boniface VIII, ses espoirs politiques et mondains et donc théocratiques. C’est un appel à l’autonomie temporelle de l’Eglise et même à l’idée européenne qui a son origine au Vatican.


mardi 6 août 2013

Juvin crise et prospection - Eloge paradoxal de la différenciation ?

Eclairage intéressant et construit sur la crise de la part de Hérvé Juvin. Partant des derniers échecs impériaux américains, il veut nous faire sentir ce qui selon lui sont les principaux vecteurs de changement du monde moderne et de son insaisissabilité nouvelle. Un optimisme nous est il possible ?



Pour contrer l'apocalypse, Juvin conclut sur son combat pour la différenciation. Celui ci doit sûrement à sa perception de l'indifférenciation provoquée par la mondialisation. Noble intention, mais n'est ce pas refuser de voir le mimétisme naturel des individus et des peuples ? J'aimerais aussi le rétablissement des frontières, appuyer sur le bouton pause de la mondialisation, mais que veut dire respecter les différences, les identités quand tout est brûlé par la version laïque de la révélation chrétienne ? Une conversion personnelle de racines mythiques ? Tous les optimismes de Juvin ne sont ils pas dépendants d'une conversion mondiale ? Ou bien, on peut penser que la conversion mondiale passe aussi par l'acceptation des Etats par eux-même et des individus à se respecter. Certes, mais là encore, cet optimisme que je trouve merveilleux et sincère me semble se heurter à l'impossibilité théorique d'une laïcisation du christianisme....
Juvin n'entre-t-il pas dans l'injonction paradoxale tel qu'elle est décrite dans cet article ? Les cultures peuvent ils se passer du feu brûlant chrétien, ce feu laissera t-il  la place à une différenciation dans l'unité ? Juvin n'est il pas plutôt nostalgique d'un monde rempli de barrières sacrificielles car nostalgique de la paix que celles-ci procuraient ?



Bref, je me perçois tout à coup comme un horrible universaliste qui en fin de compte, tout en étant effrayé par l'uniformisation mondialiste,  n'arrive pas à prendre jusqu'au bout au sérieux les "différences" ou bien la capacité des hommes à les accepter définitivement hors d'une conception eucharistique... C'est surement à modérer....
A modérer par exemple par la beauté de nos visages divers...

Mais Juvin parle seulement de la diversité humaine qu'à la toute fin d'une conférence où il soulève un tas de questions passionnantes...

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Le monde est insaisissable car Gauchet a raison, hypertrophie du droit et conséquences dramatiques sur les sociétés occidentales au moi boursouflé et à l'état impuissant et velléitaire. Ensuite nous avons oublié les racines de notre prospérité, nous déconnectons, société, comportement personnel, tradition et progrès. Nous avons perdu le sens du bien commun et avons gaspillé les arômes de la vie réelle pour des points de productivité.

La suite de l'histoire ?
I risque d’indifférenciation généralisée, de guerre, de perte du sens du droit
II Catastrophe désirée par malignité, fascination ou manque de créativité. Le capitalisme européen découvre aussi rétrospectivement le bienfait du rideau de fer.
III Sentiment de déclassement et de mépris des classes dirigeantes. risque de révolte, d'accroissement de force policière préventive ou bien de créer un grand process pour un peuple décérébré...

Des signes pour nous rendre optimistes ? Oui... malgré tout...
Un islam qui est aussi menaçant que mise en doute de l'individualisme mondial destructeur.
Une Chine qui pourrait prendre le pari Trumanien du co-développement sans donnant ni leçon, ni modèle culturel.
Des aspirations écologiques défendues par des américains en recherche d'une grande cause messianique.
Remise en cause de l'économie comme sens du monde face aux malheurs intimes dévorant l'hmain.
La fin d'une union européenne anti européenne (universalisme désincarné)
Une France en quête de son identité et modèle d'équilibre entre unité et différence. Goûts renouvelés des frontières et des pouvoirs régaliens.

Ode final aux droits des peuples et des respects de la diversité humaine et sociales comme ferment de paix et de coopération.


Conférence d'Hervé Juvin : D'une crise à l... par webtele-libre
Conférence d'Hervé Juvin : D'une crise à l... par webtele-libre


Je conseille aussi cette interview de l'economiste russe alexandre Aivazov. Je ne le connais pas. Mais il resume ce qui se dit de plus en plus dans les medias non officiels. Comme il l'ecrit, et ce que je crois juste, le monde de 2020 ne ressemblera pas au monde d'aujourd'hui. C'est aussi excitant que terrifiant.

Résumé plus détaillé de la conference de Juvin :


lundi 5 août 2013

Verlinde et les nouvelles religiosités

Je n'aime pas aborder ce sujet. Je crois qu'il faut le faire le moins souvent possible ou alors avec discrétion et attention. Je fus alors heureux de rencontrer cette vidéo du père Verlinde.Les expériences occultes, les religions orientales emportent avec elles des expériences, des sciences que les théologiens chrétiens prennent avec des pincettes sans avoir réponse à tout (cette émission en est le signe).
Malgré tout, elle remet certaines idées en place et surtout certaines choses que nous avons tendances à oublier sur notre foi. Dieu créateur, Dieu personnel, Homme création et non émanation. Possibilité du réel. Possibilité de l'existence de différents plans occultes avec entités. Mais celles-ci, quoi qu'il en soit, auraient vocation à plier genou devant le Seigneur et à l'adorer, comme toutes les créatures...
Présentation
 Le père Verlinde a une longue expérience des nouvelles religiosités. Parti à 20 ans vers l'Himalaya,il a vécu 4 ans dans un hashram de méditation transcendantale. Il y vécut malgré tout une première conversion à la personne du Christ. De retour en France, il se plonge dans des groupes ésotériques christiques mais non chrétiens. Il a alors vécu une seconde conversion qui l’a conduit au séminaire puis à reconnaître une vocation monastique. Il est frère de l’ordre nouveau de saint joseph affilié au cisterciens. Il s’est spécialisé dans la reconnaissance d’un point de vue chrétien des nouvelles religiosités orientales, occultistes et ésotériques.



I Base des nouveaux courants

Pour les différencier d’avec la perspective chrétienne. Il prend trois sujet. L'image de Dieu, le cosmos et l’homme.

A Dieu ?
Chez les chrétiens, il est personnel, transcendant et créateur. Nous séparons par exemple la nature (création) et Dieu. Le monisme oriental distingue Dieu en tout ce qui se manifeste. Tout est émanation du divin. Le tao (cercle ou le blanc et le noir se distingue et se marie) représente ce divin ou les énergies différenciées créent la pluralité du monde par leur interaction. (on retrouve cette idée dans l’hindouisme). Dieu est énergie primordiale. L’énergie se manifeste comme esprit qui va évoluer en matière. Pas de dualisme. La matière est la concrétisation de l’esprit qui est unique et que partage Dieu est les hommes. Chez les judéo-chrétiens, Dieu ne crée pas à partir de son être, ni d’une matière préexistante mais sa parole est créatrice et nous maintient dans l’être.
B Le Cosmos ?


Pour l'orient, comme tout est divin, tout, comme un hologramme, comporte l’information de l’ensemble. Il suffit d’une cellule pour connaitre Dieu. L’astrologie aiderait aussi car tout est en relation. Tout parle de tout.

C L’homme ?

Pour les chrétiens, l’univers et l’homme est en évolution, Dieu est rayonnant. Pour les nouvelles religiosités, la matière est ce qui est le plus éloignée de Dieu. C’est une prison. Il faut une involution pour retourner à sa source spirituelle, il faut passer par des états de conscience. Il faut sortir de l’ego pour le grand tout. Nous sommes des monades avec illusion de la personnalité. Alors que les chrétiens sont extatiques, être d’amour et l’amour a besoin de différence. Je suis un pour la communion d’amour. Le je est un don divin et la vie, un chemin pour sortir de soi. Comme Ève est sorti d'Adam. Ensuite la femme est nommée et je trouve mon identité par rapport à elle.


II Détails sur les nouvelles religiosités.
Souvent on confond aussi ce qui est du simple travail de relaxation avec nouvelles religiosités et yoga par exemple.... Yoga est un long processus dont nous ne connaissons que quelques étapes, il est même souvent liturgique en Inde. Il sert à ouvrir les shakras disposés sur le corps d’une certaine étape entre le corps et l’esprit. Pompes déversant de l’énergie supérieur. Cette énergie peut supprimer l’illusion de la conscience de soi. 
L’occultisme est incompatible avec la foi. C’est l'art d’utiliser des forces cachées à des fin pratiques. Est occulte, la force qui échappe aux radars scientifiques actuels. Or, si j’ouvre les shakras, je m’ouvre à ces énergies et à ces plans (comme pour les médiums) et peut m’en servir pour le bien ou le mal. Or, il semble qu’il y ait une myriade d’être sur ces différents plans. Or tous les occultistes s’entendent sur le fait qu’il faut collaborer avec ses entités pour avoir des pouvoirs occultes. Ce sont des entités non incarnés et il existe un débat encore difficile pour le savoir exactement (Saint Augustin parle d’être intermédiaires, saint Thomas parle de purs esprits, débat en cours...). Il y a ensuite les pratiques théurgiques, c’est a dire tendre vers l’auto-divinisation (les mages) ou pour des pouvoirs pratiques (magiciens). Ces pratiques ne sont pas innocentes et ont toujours été condamnées par la tradition de l’Eglise catholique. Le spiritisme évoque des entités, et pour peu qu’il y ait un medium qui s’ignore dans le groupe des blagueurs pour inviter des entités très probablement peu fréquentable. Risque de donner les clefs de son intimité. Cela peut endommager notre vie spirituelle. Il faut refuser toute collaboration.

Alors, le père Verlinde croit vraiment en tout cela ? Il répond qu’il croit en Jésus sauveur. Mais la bible ne condamne pas pour rien le recours aux entités. Toutes les cultures en parlent, souvent pour mettre en garde. Mais, lui cherche d’abord à comprendre et comprend pourquoi l’Eglise condamne. Beaucoup de mages orientaux aussi sont effrayés de la manière dont certains occidentaux invoquent des entités qu’ils ne connaissent pas...
Que faire ? Comment discerner ? Ne jamais perdre de vue la relation personnelle avec Jésus. Puis Thérèse d’Avila disait qu’il y avait deux manières de servir le démon, le voir partout et dire qu’il n’existe pas.

Or Jésus a gagné, tous les êtres et les entités le reconnaîtront. Il faut aussi user du sacrement de réconciliation pour briser certaines alliances et nous souvenir que notre job est de nous unir au Christ et d’éviter les faux raccourcis. Beaucoup de psychiatres refusent la légèreté souvent utilisée sur ce thème. La corrélation entre expérience occulte et visites en hôpital psychiatrique est trop forte pour s'en moquer.


jeudi 1 août 2013

Tous ne périront pas - Berlioz, Les Troyens

Voici un extrait de l'opéra de Berlioz, les Troyens.
Extrait qui illustre ce que je peux aimer le mieux dans un opéra. La capacité de présenter et de nous faire vivre un moment extrême. Jesse Norman le comprend et vit pleinement la folie de Cassandre provoquant un suicide collectif... Mais qui ne le ferait pas sous ses injonctions ?


Troie se meure. Cassandre rejoint les femmes troyennes... Les grecs se sont engouffrés dans la ville. Enée a pu se sauver en gardant le trésor et l'âme troyenne.
Mais c'est la fin, les prévisions de Cassandre n'ont pas été écoutées.
Femmes, n'écoutez que votre honneur, refusez la loi, le viol des grecs. Suicidez vous  !
Flétrissons la victoire des grecs. Suicidons nous pour refuser la déshonorante défaite.
Et en ce dernier moment, jetons leur au visage "Italie" signe de notre victoire future.

Honneur, pureté, magnifiques autels de sacrifices terrifiants.




Paroles de l'extrait :