mardi 18 avril 2017

Pasolini, Badiou, révolution et Saint Paul

Paul Jorion commente ici un livre sorti il y a peu. Un livre des notes de Pasolini sur un film qu'il aurait aimé faire sur Saint Paul mais annulé pour des raisons de budget essentiellement. Badiou a écrit la préface de ce recueil de notes.

Pasolini aurait voulu garder les paroles telles quelles de ses lettres ou les événements de sa vie dans les actes des Apôtres, tout en filmant dans un décor des années 1970 et montrer le caractère révolutionnaire de son discours démolissant "un modèle de société fondée sur l'inégalité sociale, l'impérialisme et l'esclavagisme".
Pasolini se seraient moqué des intellectuels actuels qui discréditent sa pensée (comme les athéniens) même s'il semble que lui même avait du mal avec sa "misogynie" et son "respect des autorités en charge."
Préfiguration de Lénine pour Badiou, instaurateur de l’Église pour créer un sas entre le monde et les groupuscules révolutionnaires qui seront dans le monde et hors du monde. Badiou exprime une comparaison entre le parti et l’Église, toutes deux corruptibles avec le temps. "Le génie qui a créé l’Église  n'y reconnait plus, ou très difficilement, ce au nom de quoi il l'a précisément créée.
Pasolini voit aussi que la difficulté d'appliquer les principes transforment les institutions pour des fins justifiant les moyens vers une situation où cette fin sera sacrifiée.
Le film aurait montré le paradoxe de tous les gauchistes, l'obligation d'une utopie salvatrice et la quasi impossibilité d'une réalisation pratique qui ne se transforme en naufrage ou au contre exemple initial.
Le message parfait de Jésus sera toujours coupé par les institutions sensées le porter, pense Pasolini.
Il ne comprend pas Paul non plus quand il désire maintenir certaines "formes" impossibles à tenir selon lui, les formules doivent mourir vite. Il faut une Église qui contesterait toute forme d'autorité.
Institue la révolution anti institution. Injonction contradictoire où toute utopie se détruit.
Il y quelque chose de chimiquement pur dans la prose de Pasolini tel que rapportée par Jorion...
C'est l'incompréhension de l'Eglise comme lieu de miséricorde et lieu de l'Eucharistie qui représente, elle particulièrement, le principe de la pierre qu'auront rejeté les bâtisseurs sera la pierre d'angle. Bref, Ils jettent le Christ avec l'eau de L'Eglise.
Combien de chrétiens ont conscience de la position de l'Eglise qui comme le Christ est le point stable pour les hommes, elle l'est pour les institutions humaines depuis la venue du Christ ? Peu importe. Vivons ce lieu, comme nous pouvons, comme cette institution anti institution pour être la vraie institution avec ses pesanteurs et ses grâces.




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